Très bientôt, comme tous les ans au mois de janvier, quelques manifestations se dérouleront dans le cadre d’une Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens. D’une manière générale, des Églises réformées et des paroisses catholiques organiseront des rencontres, parfois une co-célébration, parfois des échanges de chaires, quelques conférences…
John Shelby Spong, décédé récemment, et qui fut évêque de l’Église épiscopalienne américaine, disait :
« La meilleure définition de la débilité mentale (« insanity ») que j’aie jamais entendue est de continuer à faire indéfiniment ce qui ne marche pas, en croyant que cela va changer quelque chose un jour ».
Prier pour l’unité des chrétiens, est-ce que « ça marche » ?
Cette idée a été lancée en 1908 aux États-Unis par un prêtre américain, Paul Wattson, qui envisageait l’unité des chrétiens autour du Siège romain. Elle a été reprise à Lyon en 1933 par l’abbé Paul Couturier.
Depuis tout ce temps, on peut s’interroger sur l’efficacité de ces prières, formulées d’évidence avec toute la sincérité et la foi possibles, à toutes les époques. Il n’est pas sûr, finalement, que la récitation commune du credo de Nicée-Constantinople puisse même atténuer tant de diversité, de « divisions » comme le déplorent certains.
L’unité des chrétiens est-elle souhaitable ?
Et d’ailleurs, cette « unité » célébrée et espérée pendant cette semaine, est-elle même souhaitable ?
En bons protestants, nous pouvons aller voir ce que nous dit la Bible à propos d’unité.
Dans l’Ancien Testament, on trouve certes un Dieu unique, mais qui, très rapidement, crée la diversité, la multiplicité. Il voit d’ailleurs d’un bon œil la constitution d’Israël en douze tribus.
Et surtout, il met fin, de façon catégorique, au désir des hommes d’avoir un langage et donc une pensée uniques, dans le récit de la Tour de Babel.
Quant au Nouveau Testament, on voit bien Jésus affirmer qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père. Et dans le monde contemporain, qui imaginerait qu’il serait souhaitable de vivre dans un pays ayant un parti, une politique et une doctrine uniques ? De tels pays existent, on appelle cela des dictatures.
Il est certainement plus pertinent de nous retrouver dans des actions communes, concrètes, en faveur de nos frères humains en souffrance.
Alors, pourquoi continuer à nous associer à un rituel de prières
- qui, à l’évidence depuis plus d’un siècle, ne marche pas
- et dont les motivations ne sont peut-être pas très claires
On a peur que de ce que l’on ne connait pas. Pourquoi ne pas rencontrer nos frères dans la foi dans le respect de nos point de vue. L échange ne peut être que constructif et déboucher sur des actions communes. Ne négligeons rien.
Des actions communes pourquoi pas,… tant que cela ne nous engage pas à partager des positions que nous n’approuvons pas. Faire une seule église? Ne nous leurrons pas, celle que les catholiques souhaitent c’est la leur ! Or l’unité, elle est en Christ, au-dessus de nos églises humaines et au-delà, et aucune église ne peut prétendre être la seule et la « vraie »! Quant à nos prières elles sont dérisoires: les êtres humains que nous sommes se font plaisir à les imaginer efficaces (pour quoi que ce soit d’ailleurs). Tel est mon point de vue.