Les trois-quarts des 16-25 ans jugent le futur « effrayant » ! Le constat est sans appel : les jeunes adultes ont peur !
Et ce constat est insupportable : à un âge où l’on construit sa vie, où l’on fait des projets, il est impensable que l’on juge l’avenir effrayant.
Dans ces conditions, continuer à leur tenir le discours chrétien sur « l’amour inconditionnel de Dieu pour les humains » n’a aucune utilité pour eux. Et aucun sens.
Certaines expressions utilisées dans les paroles [théoriquement] adressées à des jeunes populations n’ont pas d’écho, provoquent au mieux un désintérêt poli, au pire un rejet plus ou moins appuyé.
Ces expressions ne sont pas critiquables en elles-mêmes mais, si on les adresse à quelqu’un qui n’y est pas habitué, elles demandent tellement d’être expliquées longuement, commentées, méditées, que le destinataire hausse les épaules et passe rapidement à autre chose !
Pourquoi ? Et est-ce que le malaise n’est pas plus profond que cela ?
Les études
Les travaux d’une étude publiée dans “The Lancet Planetary Health” sont édifiants :
- en France, 74 % des jeunes interrogés pensent que l’avenir est effrayant
- 26 % seulement pensent que les gouvernements en font suffisamment pour éviter la catastrophe
- 58 % pensent que les gouvernements mentent sur les mesures prises
Plus de la moitié des sondés déclarent se sentir apeurés, tristes, anxieux, en colère, sans défense ou coupables. La même proportion estiment que « l’humanité est condamnée ».
Donc, il me semble urgent et indispensable de changer de langage, en abandonnant les « rengaines » classiques :
- prie et Dieu te sauvera,
- Jésus-Christ te protège, c’est ton ami fidèle et tendre,
- viens au culte, car chanter c’est prier deux fois,
- etc.
… et en évitant les deux extrêmes que sont l’optimisme béat (« des problèmes ? Quels problèmes ? ») et le discours horrifiant de ceux qui écrivent dans les journaux ou qui parlent devant des micros.
Rappelons-nous d’ailleurs qu’au XVIe siècle déjà, Rabelais, dans son récit des « guerres picrocholines », se moquait ouvertement des moines qui se contentaient de chanter des psaumes interminables pendant que le danger se rapprochait de façon inquiétante1 !
Bon, mais alors, que leur dire ?
Je pense que, au lieu de les inviter à chanter des psaumes ou à se satisfaire de la lecture de Paul (« rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur2 »), nous pouvons leur dire ceci :
- depuis l’aube de l’humanité, la terre a vécu des changements divers et l’homme a toujours su s’adapter à ces conditions différentes
- les instances collectives, institutions, gouvernements, syndicats, églises, … sont, quant à elles, encombrées par des considérations à court terme, plus ou moins honorables d’ailleurs, et elles ont la fâcheuse habitude de transformer leur histoire en croyances
- il appartient donc à chacun de conduire sa vie en faisant confiance au génie humain, à son propre génie, à sa capacité personnelle à réfléchir, à innover, à trouver des solutions, ses solutions, et à les appliquer au mieux
- et enfin, pour pouvoir faire confiance à son intelligence et à sa capacité d’adaptation propres, il faut se connaître et s’apprécier soi-même. C’est le « connais toi toi-même » des philosophes grecs, complété par le « aime ton prochain comme toi-même » de l’évangile.
C’est cela qu’il faut leur dire, et les inviter à y réfléchir ensemble, et non pas leur « servir » le contenu d’un catéchisme, qui ne peut en aucune façon les aider à voir l’avenir autrement qu’« effrayant » !