1ère lettre aux Thessaloniciens, chapitre 5
Faites-leur peur et tout ira bien
À la lecture de ce texte de Paul, m’est revenu en mémoire un essai de Hans Jonas sur la responsabilité. Hans Jonas a parcouru presque tout le XXe siècle et a parlé de ce qu’il appelait l’heuristique de la peur : les gens ne sont pas sensibles à l’intelligence, à la raison, à la discussion, à l’échange, etc. mais ils sont sensibles à la peur : « faites-leur peur et tout ira bien ».
Les gens ne sont pas accessibles à la raison, mais si vous leur faites peur, alors vous obtiendrez des résultats. Et le discours catastrophiste presque universel, c’est ça.
Mais il me semble que le rôle de celui à qui on donne la parole pour commenter les Écritures –pasteur, prédicateur – ce n’est pas de faire peur pour obtenir on ne sait quoi. Ça, c’est le discours du politique, dans ce qu’il a de moins intéressant : faire peur en disant « moi je vais vous dire ce qui est susceptible de vous sauver ». Et, comme le disait Paul, champion de la pensée unique : « celui qui vous prêchera un autre évangile, qu’il soit anathème » !
On fait peur avec tout, la chaleur, le froid, la sécheresse, les inondations, les guerres, les migrations, mais je vous le demande : qu’est-ce qu’on obtient avec la peur ? Et la réponse est : rien ! On obtient la résignation, la passivité, alors qu’il y a tant à faire.
Les annonceurs de mauvaises nouvelles, les prêcheurs de la médiocrité humaine, est-ce qu’ils prennent les gens pour des crétins ? Dans ce cas, on ne prêche plus, on annonce la fin du monde. C’est ce que dit Paul : « Quand les gens diront paix et sécurité, tout à coup, ce sera la catastrophe. » Quel sens du raccourci, la race humaine existe depuis 300 000 ans et ce serait justement aux alentours de l’an 50-60 que tout se terminerait ? C’est ce que pensaient Paul et, avec lui, beaucoup de voix.
Est-ce qu’on doit accepter ça ?
Mais aujourd’hui ? Est-ce qu’on doit accepter ça ? Ou est-ce qu’on doit au contraire faire du démontage de ce genre littéraire ?
Pour ma part, je crois surtout qu’il vaut mieux prendre de la distance et ne pas s’arrêter à ce type d’exagérations.
L’enseignement de Jésus peut être crédible, à condition peut-être de le débarrasser du merveilleux, du magique, de l’enchanté. La prédication de Paul, elle, exclusivement agrippée au mystère de la croix et de la résurrection, ne rentre pas dans le cercle du crédible.
Je partage tout à fait cette analyse et c’est précisément ce qui m’a conduit à rejeter les institutions religieuses (catholique, protestantes, orthodoxe, même combat). Toutes sont des disciples de Paul et non de Jésus, et leur “enseignement” est totalement stérile – les institutions n’ont soin que d’elles-mêmes.
C’est pour cela que j’en suis arrivé à faire sens de l’évangile par moi-même, à la lumière des sciences modernes et de mon expérience de la vie. C’est un chemin de vie sur lequel je vais de découverte en découverte, à l’opposé des dogmes et autres “révélations”.
Tout à fait d’accord ! Je me demande si ce n’est pas quand Paul ( aidé peut-être/probablement par d’autres) a réalisé qu’il n’y aurait pas de fin du monde de son vivant, il a mis de plus en plus l’accent sur la croixet ce qui va avec selon lui.
Je pense que c’est la conscience de notre responsabilité vis à vis de l’amour, des autres, qui doit nous mouvoir. Le reste ressemble à de l’instrumentalisation, peut-être dans un bon but mais …