Il est arrivé à nombre d’entre nous d’entendre cette réflexion peut-être un peu trop simple : « Tu es protestant, c’est pour cela que tu protestes » !
Ce raisonnement, bien sûr, n’en est pas un, mais alors qu’est-ce qu’être protestant ?
Les valeurs protestantes proviennent de la réforme historique initiée au XVIe siècle par des penseurs et des théologiens (Zwingli, Luther, Calvin, …)
Les cinq principes
On peut les résumer comme suit :
À Dieu seul la gloire (soli deo gloria) : seul Dieu est sacré, on ne doit rendre aucun culte à une personne ou un objet
La grâce seule (sola gratia) : l’homme n’est pas sauvé par ses œuvres mais par l’amour de Dieu. On ne « gagne » pas son paradis, Dieu nous a déjà pardonné.
L’écriture seule (sola scriptura) : la Bible est l’autorité ultime à laquelle se réfèrent les chrétiens se réclamant du protestantisme.
Le sacerdoce universel : tout baptisé, homme ou femme, est prêtre (pas d’évèques ni de pape), il peut enseigner, célébrer les cultes, administrer les sacrements (il n’y en a que deux, le baptême et la sainte cène).
Église réformée toujours à réformer (ecclesia semper reformanda) : l’Église doit se réformer sans cesse.
À Dieu seul la gloire
Aucun culte n’est rendu à une personne ou un objet.
Pour les personnes, cela vise par exemple le culte des saints, le culte marial (rendu à Marie la mère de Jésus), mais aussi la sacralisation des ministres, prêtres, évêques, papes.
Quant aux objets, on peut citer les reliques, les icônes, etc.
On remarque d’ailleurs que, dans la Bible, les prières sont toujours adressées à Dieu exclusivement. Il existe une seule exception, le récit de la lapidation d’Étienne ou on le voit adresser une prière à Jésus.
L’écriture seule
L’écriture c’est-à-dire la Bible. Et cela exclut des textes ultérieurs, par exemple ceux rédigés par les « pères de l’Église », Augustin d’Hippone (« saint-Augustin »), François d’Assise, Thomas d’Aquin, etc.
Cela exclut aussi les textes dits « non canoniques », c’est-à-dire ne figurant pas dans la liste (canon) des livres bibliques, tels que l’évangile de Jacques, celui de Thomas, etc.
Le protestantisme écarte aussi, en général mais pas toujours, des textes dits deutérocaniques (du « deuxième canon »). De ceux-ci, Luther disait qu’ils n’étaient pas des livres « inspirés » mais qu’ils étaient toutefois intéressants à étudier.
Le salut par la grâce
Le protestantisme met en avant le salut par la grâce, par opposition au salut par les œuvres. Selon ce principe, c’est la grâce de Dieu qui sauve tous les hommes, et non pas leurs bonnes actions. Et encore moins une pénitence qui viendrait de la souffrance ou d’une mortification coupable.
De nombreux passages bibliques expliquent que l’amour de Dieu touche inconditionnellement et gratuitement tous les hommes.
On ne fait donc pas des œuvres bonnes dans le but d’être sauvé. En revanche, cette certitude même d’être déjà sauvé libère l’homme, ce qui lui donne la force et l’intelligence lui permettant de prendre soin de son prochain.
Le sacerdoce universel
Le sacerdoce universel affirme l’égalité de tous les baptisés dans la mission évangélique.
La conception catholique, quant à elle, distingue un double sacerdoce, le sacerdoce commun exercé par les fidèles et le sacerdoce ministériel exercé par le prêtre.
Le protestantisme refuse cette conception. Pour la Réforme, tout chrétien peut remplir toutes les fonctions ecclésiales (notamment les cultes et les sacrements), sous réserve évidemment d’une connaissance biblique suffisante.
Luther disait « il n’existe aucune différence, si ce n’est celle de la fonction … nous avons un même baptême, un même évangile, une même foi et sommes de la même manière chrétiens, car ce sont le baptême, l’évangile et la foi qui seuls forment l’état ecclésiastique ».
La conséquence de ce principe est que l’institution n’est pas l’intermédiaire entre Dieu et le chrétien. Elle ne peut pas non plus revendiquer le monopole d’interprétation de la Bible, et encore moins prétendre à l’infaillibilité.
Église à réformer
Semper reformanda (toujours à réformer) : se réformer est une des choses les plus difficiles à envisager pour une institution telle qu’une église.
On peut regretter que les instances synodales protestantes aient souhaité abandonner le terme « Réformée » dans son appellation (Église Protestante unie de France au lieu de Église réformées de France).
Espérons que l’esprit réformateur n’ait pas disparu des églises protestantes.
Le livre de Jacques est bien dans nos bibles protestantes pourquoi vous dites qu’elle ne fait pas partie du canon pour moi ce livre est très important.
Joseph
L’épitre de Jacques est dans la Bible actuelle mais pas l’Evangile de Jacques.
Cordialement.
En effet, l’épître de Jacques est bien dans les « Bibles protestante ». Luther ne l’excluait pas, mais disait qu’elle était « une épître de paille ».
Le professeur Élian Cuvillier de la faculté protestante de Montpellier en a fait un commentaire dans la série « Commentaires du NT » chez Labor et Fides ».