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Lettre d'information 8 : "La montée du racisme et de l'antisémitisme ..."
La montée du racisme et de l'antisémitisme, évolution inquiétante ou fake news ?
Chacun a souvent eu l’occasion, ces dernières années, de lire des « informations » alarmantes, faisant état d’une augmentation des actes antisémites, islamophobes, racistes.
Bien sûr, on voit rarement un journaliste annoncer autre chose que des mauvaises nouvelles, des nouvelles inquiétantes, offrant ainsi une illustration parfaite des thèses de Hans Jonas sur la peur : « faites-leur peur et tout ira bien, ils feront ce que vous voudrez ».
Seulement, il arrive que la science valide ces informations de mauvais augure ou … les contredise entièrement ! Voyons ce qu’on peut trouver sur le phénomène qui nous intéresse ici.
Qui n’aimerait-on pas avoir comme voisins ?
Une grande enquête a été menée au niveau européen, faisant suite à des enquêtes nationales, dont les questions permettent de remonter jusqu’à 1981, soit près de quarante ans.
On a donné, aux personnes interrogées, un choix parmi 9 catégories possibles (il était possible de citer plusieurs catégories) : chrétiens, drogués, gens d’une autre race, gens portés sur la boisson, gitans, homosexuels, immigrés et travailleurs étrangers, juifs, musulmans.
À la dernière enquête (2018), on avait, comme « voisins indésirables » dans l’ordre :
• drogués : 57 %
• gens portés sur la boisson : 41 %
• gitans : 23 %
• immigrés et travailleurs étrangers : 9 %
• musulmans : 8 %
• homosexuels : 7 %
• gens d’une autre race : 4 %
• juifs : 4 %
• chrétiens : 2 %
Les deux premières catégories sont vues comme des personnes troublant l’odre moral et pouvant créer des problèmes de voisinage ; les gitans font également l’objet d’un rejet, dans une moindre mesure mais notable.
L’enquête montre que des personnes qui rejettent une catégorie en rejettent souvent une autre n’ayant pas de rapport entre elles, exemple les juifs et les homosexuels ou « les gens d’une autre race » et les musulmans.
L’exclusion est d’autant plus forte que les personnes interrogées n’ont pas obtenu le baccalauréat, se situent à droite de l’axe politique et sont conservatrices en matières de mœurs. En revanche, le rejet des « déviants » (drogués et alcooliques) concerne plus souvent les femmes et les catholiques.
Quelle évolution ?
On peut comparer, pour certaines de ces catégories, l’évolution des opinions xénophobes sur une trentaine d’années :
• gitans : de 40 % à 23 %
• immigrés et travailleurs étrangers : 13 % à 9 %
• musulmans : 18 % à 8 %
• gens d’une autre race : 9 % à 4 %
• juifs : 7 % à 4 %
De même, la « préférence nationale » en matière d’embauche est passée de 61 % à 42 % sur cette même période.
Que conclure ?
Les préjugés sont clairement fonction du niveau d’éducation. Par exemple, parmi les sans-diplômes, 15 % ne veulent pas de voisins musulmans et 4 % chez les diplômés de l’enseignement supérieur.
Les préjugés sont fonction des époques de naissance : ceux qui ont le plus de probabilités d’exprimer des préjugés xénophobes sont nés avant 1950, et ceux qui en ont le moins sont nés après 1970.
On peut donc rester relativement optimiste pour les prochaines années, tout en sachant que des événements particuliers peuvent raviver ou atténuer, selon le cas, les tendances xénophobes.
N.B. : Chiffres tirés du livre La France des valeurs, dirigé par Pierre Bréchon, Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, Presses universitaires de Grenoble, 27 euros.