Le sacerdoce universel
Le sacerdoce universel est un principe religieux chrétien qui affirme l'égalité de tous les baptisés dans la mission évangélique. C'est l'un des principes essentiels du protestantisme. L’Église catholique parle plutôt de « sacerdoce commun ».
Dès 1520, Luther formule sa doctrine du sacerdoce universel, à sa manière c'est-à-dire assez … ferme !
« On a inventé que le pape, les évêques, les prêtres, les gens des monastères seraient appelés « état ecclésiastique » et que les princes, les seigneurs, les artisans et les paysans seraient appelés « état laïc », ce qui est, certes, une fine subtilité et une belle hypocrisie. Personne ne doit se laisser intimider par cette distinction pour cette bonne raison que tous les chrétiens appartiennent vraiment à l'état ecclésiastique ; il n'existe entre eux aucune différence, si ce n'est celle de la fonction ... nous avons un même baptême, un même évangile, une même foi et sommes de la même manière chrétiens, car ce sont le baptême, l'évangile et la foi qui seuls forment l'état ecclésiastique. Ce que fait le pape ou l'évêque, à savoir l'onction, la tonsure, l'ordination, la consécration ... peuvent transformer un homme en cagot ou en idole barbouillée d'huile, mais ils ne font pas le moins du monde un membre du sacerdoce ou un chrétien. En conséquence, nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême ».
Il s’agissait d’une charge – dans un style qui n'aurait pas cours aujourd'hui – contre les pratiques et doctrines de l’Église romaine, retenons-en surtout la dernière phrase : « nous sommes tous consacrés prêtres par le baptême ».
La conséquence de ce principe est que l'Église ne fait plus office d'intermédiaire entre Dieu et le chrétien. Elle ne peut pas revendiquer non plus le monopole d'interprétation de la Bible, et encore moins prétendre à l'infaillibilité. Pour Luther, ce principe implique que le fidèle doit disposer de solides connaissances bibliques.
(Voir à ce sujet le livre de Raphaël Picon « Tous théologiens » éditions Van Dieren). Citons aussi les noms de trois théologiens prestigieux, Jean Baubérot, Jacques Ellul et Paul Ricœur qui n’étaient pas pasteurs mais qui sont universellement reconnus.
La conception catholique, quant à elle, d’un double sacerdoce, le sacerdoce commun exercé par les fidèles et le sacerdoce ministériel exercé par le prêtre, est dénoncée par le protestantisme pour quatre raisons :
1. Il établit une médiation entre Dieu et les fidèles. Pour les protestants, il y un seul médiateur, Jésus Christ. Ils reprochent au catholicisme de confondre les serviteurs avec le maître, en conférant au prêtre des fonctions qui appartiennent seulement à Jésus.
2. le caractère obligatoire de la médiation sacerdotale. En l'absence de prêtre, le catholicisme juge que les relations entre Dieu et le croyant demeurent incomplètes, car imparfaites. Aux yeux des protestants, cette médiation obligatoire est une atteinte à la souveraineté divine comme à la liberté humaine.
3. La fonction sacerdotale, dans sa conception catholique, implique la célébration d'un sacrifice offert à Dieu lors de la messe. Pour la Réforme, il n'a pas de dimension ou d'aspect sacrificiel car les fidèles reçoivent tout de Dieu et n'apportent rien, si ce n'est leur louange. L'idée de sacrifice serait contradictoire avec le sola gratia, principe de gratuité de la grâce.
4. La quatrième critique concerne la séparation du clergé d'avec le laïcat. Par son ordination, le prêtre sort – définitivement, car l'ordination est irréversible – de la masse des croyants. Il revêt un caractère sacré qui s'accompagne de pouvoirs spéciaux tels que celui de célébrer l'eucharistie (avec sa transsubstantiation des espèces) ou celui de pardonner les fautes. Pour la Réforme, tout chrétien peut remplir toutes les fonctions ecclésiales sous réserve d'une formation appropriée.
Dans le protestantisme, donc, les pasteurs n'ont pas de particularité par rapport aux autres croyants. C’est un des principes du protestantisme et cela s’appelle le « sacerdoce universel ».